A la mort de son père, Johann ANDREAE, le jeune Jean-Valentin alors âgé de 15 ans, se retrouva dans la froidure de Tubingen en compagnie de sa mère et de ses six frères et soeurs. C'est lors du déménagement de sa famille, d'Herrenberg à Tubingen, qu'épuisé par une marche éreintante, il tomba sous les roues de la voiture qui les transportait et fut infirme à vie.
Intéressé par tout ce qui touchait à la haute alchimie, à l'astrologie, ainsi qu'à tous les aspects de l'ésotérisme, Jean-Valentin écrivit à l'âge de 18 ans, les « Noces chymiques de Christian Rosencreutz » où pour la toute première fois il distilla au compte gouttes ses grands projets de réformation du monde. Curieusement ce texte de jeunesse ne sera publié qu'après tous les autres et fera finalement figure d'étrangeté.
Pendant toutes ces années préparatoires, Andreae se forgeait outre le caractère, de solides amitiés, comme celles de Christophe Besold ou de Wilhem Wense. À eux trois, ils construisirent, façonnèrent, remanièrent toute la philosophie rosicrucienne et l'on peut affirmer aujourd'hui qu'ils en assurèrent la pleine et entière paternité.
Le luthéranisme officiel germanique le dérangeant, Jean-Valentin Andreae, qui rêvait d'un monde plus juste, plus équitable, sans mensonge, ni hypocrisie, où toutes les richesses seraient partagées égalitairement chercha dans le caritatisme mystisant de Johannes Arndt, sa véritable mission. Il voulait essentiellement un évangélisme pur, intègre et intransigeant, et c'est en 1611, lors d'un voyage à Genève que séduit par « L'Imitation de Jésus-Christ », lui apparut pour la première fois le sens réel de sa mission sur terre : « Juvare res christiane », aider la cause du christianisme.
Sa « Réformation », pamphlet révolutionnaire pour l'époque, sa "Fama" qui pose les toutes premières bases de sa philosophie altruiste sous le couvert de l'histoire mystique de Rosencreutz, sa « Confessio » qui ouvre très largement les portes d'une véritable fraternité basée sur l'amour et la solidarité entre les êtres, sont autant de supports historiques qui confirment la mission évangélique de ce père fondateur de la Rose-Croix.
Toute la vie de Jean-Valentin Andreae ne fut qu'une longue succession de désillusions et de trahisons. Profondément déçu par l'accueil plus que froid réservé à ses textes fondamentaux sur la Rose-Croix, il reniera dès l'année 1616 qui vit paraître les « Noces chymiques de Christian Rosencreutz », le mouvement qu'il avait lancé.
Echaudé par cette Rose-Croix dont personne ne voulait et qui finira par se flétrir dès les années 1620, Jean-Valentin imagine une république "christianopolitaine", sorte de Nouvelle Jérusalem terrestre placée sous la protection directe de Dieu. Un plan social fut même rédigé avec le concours de Wilhem Wense et un opuscule fut imprimé en 1620 et envoyé aux quatre coins de l'Europe. La guerre mit fin à ce beau rêve utopiste et les amis se dispersèrent dans la tourmente et le tumulte des tragiques événements. La plupart des exemplaires de ce plan furent à jamais perdus. Seul le titre de l'ouvrage demeure : « La main droite tendue de l'amour chrétien »
Nullement découragé, ANDREAE fonde en 1620, une manière de société de secours, d'ordre local, pour l'aide aux ouvriers, étudiants, malades et pauvres, tout en restant au service de la Haute Mystique, ce qui lui vaudra en 1622 de nouvelles trahisons qui entraînèrent procès et calomnies.
Véritable Don Quichotte de la vérité, Jean-Valentin ANDREAE quittera notre monde le 24 juin 1654 quelques mois après son installation comme chef de l'Abbaye D'ADELBERT. Curieuse destinée que celle de ce contemplatif qui inventa dans son amour immodéré du Christ une société idéale qu'il fit graviter un temps autour d'un symbole entièrement inventé par lui-même et son cénacle de Tubingen : la Rose+Croix.
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